2°édition
Portraits de passereaux du jardin
« Je propose pour la biennale d'exposer pour la première fois une série de peintures à la tempéra de petits format sur châssis réalisée ces dernières années en hommage à ces fragiles créatures ailées.
Familiers (plus pour longtemps peut-être?), ces becs d'azur si communs entra-perçus et si étranges à bien les regarder, ces petits dinosaures,survivants des temps anciens sont mon bonheur.
Bonheur de ce temps de vacances que l'on s'accorde plongé dans la contemplation du jardin.»
"Ce n'est pas le paysage qui est grand, c'est le regard porté dessus qui doit l'être"
. Un jour, lisant un article traitant d'archéologie celtique, la photo d'un objet et sa légende "pommeau d'épée celte sur âme de bois" provoquent en lui un déclic poétique. L’œuvre, décor et enveloppement d'une âme de bois disparue, lui parlait à la fois de l'épée, d'un guerrier, de sa main, de matières et de volumes générateurs de vie, de vécu, tendus par une volonté. Cette œuvre n'était plus en trois dimensions, mais liée à toutes les dimensions imaginables. Il oriente alors son travail vers cette idée d'âme contenue, et par ricochet de contenant, de sarcophage, de vaisseau, de véhicule. Il réalise des containers, sortes de peaux de métal qui recouvrent une âme, un esprit. S'inspirant de ce qui l'entoure directement, il s'attache à considérer chaque élément de la vie, à poser un regard d'amour sur toute chose. Les containers lui servent à raconter les histoires qui le touchent, en particulier celle de l'homme et de la femme, celle de leur rencontre, celle de leur relation au monde....
En 2004, Gwen Leven présente son travail à la galerie l'Arty Show (Orléans). Dès lors, les expositions s'enchaînent. Mise en mouvement par une sensation qui ne se laisse pas définir, et confiante en son intuition, Gwen sait reconnaître dans l'émotion qui vient, le moment précis où le dessin est habité. C'est pour elle le signe qu'il est achevé. Y ajouter quelque chose serait superflu. Des figures humaines ou animales peuplent ses illustrations. Elle éprouve le besoin d'y mettre une âme ; c'est pourquoi les objets sont plus rares dans son travail. Son Indien du Brésil vénère et protège la Nature...Gwen aime les plantes : «En les dessinant on peut comprendre leur façon de pousser et ce qu'elles sont. » C'est l'art visuel pour explorer le monde. Ses illustrations nous dévoilent les ailes du désir et de la félicité : c'est l'envol. Elle nous vante le scarabée, dont on devine le cœur posé sur un texte de Mark Twain « La vie est courte, romps les règles, pardonne rapidement, embrasse lentement, aime sincèrement. »
Dit ainsi, la figuration pourrait paraître hétéroclite. Il n'en est rien, tant ses éléments constitutifs procèdent de la même émotion et de la même intention. Gwen assigne un but à son art : « Faire le bien, susciter la joie et donner de l'amour » Il ne faudrait pas prendre sa conception humaniste de l'art pour un sentimentalisme de plus, ni pour un activisme... Elle désire que ses travaux procurent du bien-être à ceux qui les regardent. Ses dessins à l'acrylique et ses aquarelles visent le contact avec ceux qui seront sensibles à son univers poétique plongeant ses racines dans l'enfance. Alors, qu'est-ce que la poésie pour Gwen ? Sans doute ce qui renvoie chacun de nous à son chemin de vie, au temps qui passe. La poésie, c'est cette photo dans un cadre de bois qu'elle achète à un brocanteur ; celle-ci représente une personne qui n'est plus qu'une silhouette indistincte : le temps a fait son œuvre. Gwen fait de même, elle nous étonne et nous invite à rafraîchir notre regard.
Pierre-Jean Brassac
Anna Mano est une artiste qui aime à nommer sa pratique comme de l'art "intergalactique". Elle a pour ambition suprême d'exposer ses œuvres dans l'espace intersidéral.
Elle créé des assemblages inédits en travaillant à partir de métaux industriels souvent méconnus du public. Ces dernières années, son travail s'est porté sur la conception de cocons, grands assemblages de pièces d'usines au sein desquels le spectateur peut entrer, des habitacles alternatifs invitant à la trêve dans une autre dimension : l'onirisme.
Aujourd'hui elle cherche à produire des œuvres évolutives en jouant avec les alliages qui les composent et les atmosphères dans lesquelles on les baigne, dans l'interstice risqué où l’œuvre échappe à son créateur. C'est l'éclosion du cocon, l'émancipation de l’œuvre.
Hélène Nugnes est une photographe autodidacte d'inspiration humaniste, passionnée par l'«Autre» et les rapports humains ; elle mèle enquète socio-anthropologique et photographie. Après plusieurs années à évoluer par le numérique, elle réalise un retour aux fondamentaux par l'acquisition d'une chambre photographique.
Ce médium lui permet de créer un autre rapport avec le modèle. Ainsi émergent à la fois une tension par le temps de pose et le caractère unique de la photographie mais également une proximité par l'approche photographique originale.
Chaque détail doit être pensé en amont, chaque mouvement du modèle va être observé, ainsi que le placement de la lumière sur chaque partie de son corps. Malgré cette réflexion antérieure à la prise de vue, l'accident est souvent au rendez-vous et nous amène vers d'autres chemins.
" Je dois l'avouer, je n'aime pas beaucoup mon époque.
Ni la vitesse, ni le progrès, ni les bagnoles, ni les supermarchés ... Alors ça me fait du bien de raconter tout ça en deux dimensions, en prenant bien mon temps avec mes gouges et mes petits moyens archaïques. En ne me pressant pas à chercher dans ce chaos un graphisme possible, une sorte d'harmonie, un truc de piéton qui s'égare à faire quelque chose d'inutile, par les temps qui courent...
Je m'appelle Juliette Planque, je n'ai plus 20 ans mais pas non plus 100.
Je vis depuis quelques années à Rochefort, près de l'océan. Je dessine, peins et grave par intermittence, comme beaucoup d'artistes. Dans mon petit atelier j'enseigne aussi la technique de la gravure en relief (bois et lino) et je trouve ça aussi excitant que de créer mes propres images. J'aime l'idée que la culture se partage sans retenue, et je me regonfle à chaque fois que pointe une initiative comme cette Biennale populaire d'arts visuels. Je me regonfle et je respire, prête un peu plus à dégainer mes gouges !"
Le sculpteur Joan Priego, analyste de la condition humaine dans l'ère du désenchantement, reprend la tradition philosophique qui va des maîtres du doute jusqu'aux réflexions de Virno sur de nouvelles stratégies de résistance. Concrètement sa série de contorsionnistes s'inspire de ce que Virno appelle« virtuosité » du travailleur post fordiste : dans une économie basée sur l'échange d'information, on demande au travailleur qu'il sache improviser, communiquer, interagir. Priego réinterprète avec humour, mais aussi, avec une profonde vision anthropologique ces dons de contorsionniste que nous sommes obligés d'acquérir dans la vie laborieuse et personnelle. Les contorsionnistes siamois font allusion à la continuelle construction et déconstruction de l'identité par un jeu de reflets et dédoublement de l'autre. Le virtuose a besoin de l'autre pour se compléter, jusqu'au point où il est difficile de séparer le moi de cet alter égo dont il fait partie.
L'entendement entre les différentes intensités qui habitent l'être n'est pas toujours harmonieux. « Les lutteurs du Siam », secoués par de violentes cambrures et qui prennent le nom de ces poissons capables de tuer la femelle dans l'acte d'accouplement, nous suggèrent des combats irrésolubles entre la nature et la socialisation, mais aussi entre l'instinct de conservation et la pulsion de mort.
En continuant avec les métaphores corporelles, certains sujets sculptés par Priego sacrifient une partie de leur anatomie pour répondre à cette demande de versatilité. D'autres deviennent des objets fétiches ou des boucs émissaires s'offrant comme des poupées érotiques (I didn't mean to see her go), des martyres (Saint Sébastien) ou des esclaves canins (The illusion of the mass).
La cohérence intellectuelle et formelle de l’œuvre de Priego influe sur son procédé technique : il sculpte ses figures à partir de fragments recyclés, en utilisant même des morceaux de bois provenant de démolitions, pour matérialiser cette incursion dans la condition fragmentaire et instable de l'homme contemporain.
Anna Adell
Le Proyectarium s'est fixé pour mission de favoriser la rencontre et l'échange autour de la pratique audiovisuelle, des arts numériques et des techniques de spectacle. Sa ligne artistique évolue à la croisée des disciplines et des médiums dans une démarche de « recherche expérimentale permanente » et sur le principe du « do it yourself ».
Ses domaines d'action explorent le champ de la création vidéo mapping et lumière en s'inspirant des arts numériques et des pratiques audiovisuelles. Ses projets se renouvellent sans cesse en s'associant à tout type de contexte et d'expression artistique : installation, performance, concert, art de la rue, théâtre, cirque, habillage architectural...
Ses membres aiment à partager cette passion par la rencontre et l'échange lors de formations adaptées à différents publics. Ils proposent des ateliers ludiques et pédagogiques pour jeune public, des workshops et master-class pour amateurs et semi-professionnels et des accompagnements pour artistes et compagnies ayant un projet de création en cours.
Patrice Rouzière est un artiste toulousain. A Paris, pendant ses études à l'école Nationale des Arts Décoratifs (1982-1986), ses amis musiciens l'incitent à travailler durant les répétitions d'orchestre. Ses oeuvres sur la musique qu'il développera pendant une vingtaine d'années sont des partitions picturales intégrant l'aspect calligraphique de l'écriture musicale et les sensations visuelles et sonores.
Dès son retour à Toulouse Patrice Rouzière se tourne vers les paysages de sa région et des différents pays qu'il découvrira lors de ses voyages. Sa peinture énergique traduit un sentiment d'impatience et de joie trop intense, une peinture du corps. Elle témoigne un intérêt marqué par l'abondance et l'accumulation de la matière picturale où les taches de couleurs, les empâtement vigoureux, successifs donnent directement la structure au tableau. Les surépaisseurs entretiennent dans la toile une certaine fraîcheur ainsi qu'un mouvement perpétuel de la couleur paraissant encore en fusion ou en devenir. Les formes sont furieusement bousculées, la lumière sculptée offrant parfois un instant de tranquilité dans un coin de ciel . Un dialogue s'établit entre le figuratif et l'abstrait, basculant d'un côté ou de l'autre pour traduire la sensation du paysage sans s'arrêter à sa représentation.